lunes, 15 de octubre de 2012

Plateforme européenne pour la Paix en Colombie

Nous, femmes et hommes de Colombie et d’autres pays, citoyens et habitants de l’Europe, faisons, en notre nom ou en tant que représentants d’organisations sociales et politiques préoccupées par la situation en Colombie et en particulier par le conflit armé qui fait rage dans le pays depuis des décennies, le constat suivant :

1. Le conflit armé en Colombie résulte à nos yeux de facteurs sociaux, économiques et politiques qui affectent historiquement la société colombienne. Après plusieurs décennies, ce conflit a causé tellement de ravages dans le pays que celui-ci est plongé actuellement dans l’une des pires crises humanitaires au monde.

2. Après avoir essayé pendant une décennie de résoudre militairement le conflit, ce qui a débouché sur l’exode de populations à l’intérieur du pays et la fuite massive à l’étranger, une concentration accrue des terres et des richesses, des crimes contre l’humanité, parmi lesquels le « Scandale des faux positifs » (Falsos Positivos) et une généralisation de la violence dans tous les secteurs de la société, nous réaffirmons qu’une solution politique par la voie de la négociation est la seule issue possible à la confrontation militaire. Elle constitue le meilleur moyen de préparer la société à une vie dans la démocratie et la paix.

3. Par conséquent, nous soutenons le processus de négociation actuel entre les Forces Armées Révolutionnaire de Colombie - Armée Populaire (FARC-EP) et le gouvernement colombien ; ce soutien se traduit par notre engagement de faire tout ce qui est en notre pouvoir sur la base de notre situation respective actuelle pour sensibiliser, mobiliser et organiser des pans entiers de la société en Europe en faveur d’une solution politique du conflit armé en Colombie. En même temps, nous nous prononçons en faveur de l’implication de l’Armée de Libération Nationale (ELN) dans le processus de paix actuel et de la signature urgente d’accords humanitaires pour désamorcer le conflit et amener un cessez-le-feu.

4. Nous reconnaissons que la participation massive et démocratique de la société civile à ce processus de négociation constitue le préalable fondamental à l’instauration d’une paix juste et durable. En ce sens, nous exhortons les FARC ainsi que le gouvernement et tous les autres participants éventuels aux négociations à garantir les mécanismes et instruments nécessaires à leur bon déroulement.

5. La communauté internationale doit par ailleurs jouer un rôle-clé dans l’accompagnement du processus afin qu’il débouche sur un résultat positif, tout en vérifiant le respect des accords et en assurant la promotion des initiatives en ce sens qui émanent de la société civile. Les Colombiennes et Colombiens qui vivent à l’étranger ont plus spécialement un rôle fondamental à jouer dans cette mobilisation.

6. Du point de vue de l’étranger, la reconnaissance des exilés comme victimes du conflit et la considération des migrants économiques ainsi que les garanties de retour doivent être prises en compte lors de l’élaboration des propositions de paix à la table des négociations. Par ailleurs, nous attirons l’attention sur le problème des milliers de filles et de garçons colombiens qui ont été adoptés dans différents pays du monde suite aux diverses manifestations du conflit. Eux aussi doivent être reconnus comme victimes.

7. Pour promouvoir ces revendications, nous lançons la « Plateforme européenne pour la paix en Colombie » (Plataforma Europea por la Paz en Colombia) - un réseau démocratique à large échelle au sein duquel sont représentées des personnes de tous âges et auquel peuvent se joindre des organisations sociales, politiques, solidaires et engagées dans la coopération internationale qui partagent ces principes. La plateforme fera fonction de centre de coordination et d’impulsion pour les différentes initiatives qui rejoignent notre plan d’action.

8. Afin de faciliter le dialogue de paix et d’éviter les situations susceptibles de compromettre la poursuite de ce dialogue, nous exhortons les gouvernements européens à rayer les organisations rebelles de Colombie de la liste des organisations terroristes.

9. Par ailleurs, nous en appelons à la responsabilité sociale des médias européens en vue de contribuer à créer une culture de la paix et de la réconciliation dans ce pays en choisissant les mots justes et en présentant comme il se doit la situation en Colombie.

10. La « Plateforme européenne pour la paix » fait converger les différents processus de recherche de solution politique en Colombie et dans le monde pour mettre fin au conflit armé dans le pays, en particulier la « Voie commune pour la paix » (Ruta Común por la Paz). Par ailleurs, elle s’engage à proposer, diffuser et discuter des thèmes et à élaborer des propositions sur différents points afin d’amener une solution structurelle du conflit.

Aspirant profondément à la paix comme tous les Colombiens et Colombiennes et en considération des expériences recueillies lors des précédentes tentatives de négociation, nous exhortons les négociateurs du gouvernement et la guérilla à donner l’exemple d’un comportement démocratique en faisant preuve d’un engagement sans faille face à la réalité difficile du pays et, conscients de leur responsabilité pour l’avenir de la société colombienne de mener le dialogue dans un respect mutuel afin de garantir que les nouveaux efforts de négociation aboutissent, car le peuple colombien mérite la paix.

Oslo, le 8 octobre 2012

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